5 questions à Alan mollé

Alan Mollé, programmateur de l’Espace Culturel des Corbières développe depuis 2017 une "culture pour tous" à la fois exigeante et populaire en Région Lézignanaise Corbières et Minervois. Faisons le point sur son parcours, son actualité et ses projets.

Parlez-nous de vous et de votre parcours professionnel

Mon parcours professionnel est étroitement lié à mon attachement à la culture. Il a débuté pendant mes études supérieures, à l’occasion d’une visite de théâtre en milieu rural dans le vignoble nantais. Cette rencontre a acté mon désir de travailler dans le développement culturel en milieu rural. A partir de là les choses se sont enchainées. A la fin de mes études, j’ai été recruté par la municipalité de Barbâtre en Vendée, en tant que responsable des affaires culturelles et associatives. Une première expérience forte de polyvalence, dans cette petite commune balnéaire qui porte deux festivals « arts de la rue » et un festival « jeune public ».
Par la suite j’ai intégré la Communauté de Communes de la Région Lézignanaise Corbières et Minervois en tant que programmateur de la saison culturelle communautaire, à l’Espace Culturel des Corbières et dans les villages de l’intercommunalité.

Comment définiriez-vous l’Espace Culturel des Corbières ?

L’Espace Culturel des Corbières est un formidable outil culturel. C’est un théâtre de 250 places assises en milieu rural qui permet d’accueillir des spectacles forts, avec des décors lourds, pour permettre à la population du territoire de découvrir des propositions identiques à celles des plus grandes villes. Nous pouvons ainsi accueillir de la danse, des grands plateaux en théâtre avec parfois jusqu’à dix comédiens en scène, ou encore du cirque…

Par rapport au projet général de la saison culturelle communautaire sur lequel je travaille, les propositions au théâtre sont complémentaires à ce que nous proposons dans les villages appelés « les hors les murs ».

L’objectif de cette saison culturelle est véritablement d’être au plus près des habitants, et de répondre à la dynamique d’un service public de la culture. Nous intervenons ainsi souvent en partenariat avec les associations culturelles du territoire, mais aussi avec les autres équipements culturels de l’intercommunalité (réseau de médiathèque, conservatoire,….)

Quels sont les prochains spectacles à ne pas manquer dans votre saison culturelle ?

Je ne suis pas très objectif, à mon sens tous les spectacles sont à découvrir, car chaque saison est construite pour tous les publics. A choisir, je vous parlerais de la venue le 6 avril de Loïc Lantoine & le Very Big Experimental Toubifri Orchestra, pour une soirée sous le signe de la fête, ainsi que d’un très grand temps fort les 10 et 11 juin, avec le spectacle « Véro 1ère Reine d’Angleterre » par la Cie 26000 Couverts. Le spectacle aura lieu sur le site SPI-K-TRI street art univers, ancienne cave coopérative de Ferrals-les-Corbières réaménagée en lieu de street art déjanté. C’est un véritable événement d’accueillir ce spectacle complétement fou en clôture de la saison. Cette soirée sera l’occasion de visiter un site artistique récent sur le territoire, et de découvrir dans la même soirée un spectacle, avec évidement bar et restauration sur place toute la soirée.

Comment voyez-vous la saison culturelle et son projet territorial dans 10 ans ?

La perspective des 10 ans consiste avant tout à faire l’état des lieux d’un contexte de sortie de crise. Après le Covid, tous les opérateurs culturels connaissent une baisse (plus ou moins importante) de la fréquentation, avec notamment un phénomène de renoncement des publics à aller-vers le spectacle vivant. Ce constat nous éclaire sur l’absolue nécessité de questionner notre approche des publics, mais aussi notre positionnement en direction des artistes et du territoire. Le principal défi sera donc de créer les outils pour retrouver la dynamique d’avant-crise.

Par ailleurs, la saison culturelle que nous portons continue d’arpenter le territoire communautaire. Elle propose un projet pluridisciplinaire pour tous les publics. L’idée est de développer ces perspectives, notamment en s’adressant à de nouveaux publics, et particulièrement les scolaires (lycéens, collégiens…) en plus des écoles primaires qui assistent déjà à la trentaine de représentations organisées sur temps scolaire dans l’année.

L’idée est aussi de poursuivre l’intégration du projet dans la vie du territoire, avec la continuité et l’initiation de partenariats avec les acteurs associatifs et culturels du territoire. Nous proposons déjà des projections conférences, rencontres autour des spectacles de la saison, ces moments sont précieux et permettent aux publics d’aller au-delà de la simple découverte d’un spectacle. Les résidences artistiques décentralisées sont aussi un moyen pour nous d’atteindre cet objectif d’élargissement des publics.

Un message à faire passer au public ?

Je ne peux qu’encourager les gens à revenir au spectacle et à reprendre les bonnes habitudes. Nous sortons (croisons les doigts) d’une période particulière, qui a rompu les liens entre les publics et le spectacle vivant. L’idée est de se laisser tenter par un ou plusieurs spectacles dans l’année, au théâtre et/ou dans les villages du territoire, pour déguster du spectacle vivant en toute convivialité.

Plus d’infos sur l’Espace Culturel des Corbières :

NDLR : Arts Vivants 11 organise une matinée d’information (Café Théma) en présence d’Alan Mollé intitulée "L’environnement professionnel de l’artiste du spectacle vivant" le 30 mars 2022 à Narbonne en collaboration avec Le Patio des Arts du Grand Narbonne. Infos et inscriptions ici