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Fabien Bergès

Nouveau visage dans le paysage culturel audois, Fabien Bergès est depuis juillet dernier le nouveau directeur de Théâtre + Cinéma – Scène nationale Grand Narbonne. Découvrez son parcours et sa vision intime du spectacle à travers ses réponses à notre questionnaire.

Né à Montpellier, Fabien Bergès a un parcours universitaire bien rempli. Sciences économiques et sociales à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan puis à l’Université Paris X-Nanterre et une agrégation obtenue en 2000.

En parallèle, il se forme au théâtre aux conservatoires de Béziers, Nîmes et Paris XXe. Il s’y consacre à partir de 2002 en créant la compagnie Humani Théâtre, qu’il dirigera pendant 10 ans et pour laquelle il jouera et mettra en scène, notamment L’Ombre d’Evgueni Schwartz, La Noce de TchekhovAlbatros de Fabrice Melquiot, Une petite entaille de Xavier Durringer et L’Attentat de Yasmina Khadra. De 1999 à 2021, il est aussi le directeur artistique du festival Remise à Neuf, qu’il a créé à Saint-Jean de la Blaquière (34) et de 2002 à 2006, il lance et programme la saison culturelle de la communauté de communes Sud-Hérault.

En 2012, il est nommé directeur du Théâtre de Clermont l’Hérault, qu’il propose de baptiser Le Sillon et pour lequel il obtient le label de Scène Conventionnée d’Intérêt National « Art en Territoire ». Il y propose une programmation dans et hors les murs, faisant notamment la part belle aux écritures contemporaines et aux arts dans l’espace public et y développe un travail soutenu avec les publics et le territoire, à travers projets contextuels et d’éducation artistique et culturelle.
Il poursuit occasionnellement son activité de metteur en scène répondant notamment à l’invitation de la Scène Nationale du Grand Narbonne pour imaginer et conduire le projet Allez, Allez, Allez (2018), de la compagnie A brûle pourpoint (Catherine Anne) pour Liberté, Egalité, Parité (2019), ou d’Humani Théâtre pour Racine d’Anne Contensou (2021).

En juillet 2022, il est nommé directeur de la Scène Nationale du Grand Narbonne.

Fabien Bergès répond ce mois-ci à notre questionnaire.

1. Trois mots pour vous décrire ?

Engagement, exigence, humilité.

2. Trois mots qui définissent votre travail ?

Pas de fatalité.

Car je ne veux pas renoncer à ce qu’une salle soit plus pleine encore, que de nouvelles personnes fréquentent le Théâtre alors qu’elles ne le faisaient pas, et que les mondes habituellement séparés dans lesquels nous vivons se croisent et se rencontrent.

3. Si vous étiez un tableau, un livre ou un film, qui seriez-vous ?

Peut-être un film de Robert Guédiguian.

Pour l’amour des racines et l’accent du Sud assumé. Pour l’attachement aux siens et à l’esprit de troupe. Pour un art à la fois intime et politique.

4. Un rituel avant l’ouverture des portes les soirs de spectacle ?

Dans mon précédent poste, je faisais le tour du Théâtre, histoire de vérifier que tout allait bien. Toujours inquiet d’un petit détail. Maintenant, le bâtiment étant trop vaste, je me contente de poser la question à tous mes collègues.

5. Comment choisissez vous les spectacles que vous programmez ?

Il faut d’abord que le spectacle me touche, m’interpelle. Et cela peut être le cas pour trois raisons. Soit parce qu’il offre une vision nouvelle et éclairante d’une des grandes questions de l’existence, soit parce qu’il nous fait rencontrer une personnalité singulière, soit parce qu’il permet une expérience de la beauté.

Ensuite, je me demande toujours si quelqu’un qui ne va pas habituellement au Théâtre peut être touché par ce spectacle.

Mais un choix de programmation c’est aussi un exercice raisonnable d’équilibre des formes, des disciplines, des sujets. Ce n’est pas seulement un choix du cœur.

6. Comment le spectacle est-il entré dans votre vie ?

Mon père, enseignant, faisait du théâtre avec ses élèves, de l’écriture à la mise en scène. Je suis monté sur les planches quand je suis passé dans sa classe. L’année d’après je m’inscrivais au cours d’art dramatique du Conservatoire de Béziers. Le théâtre ne m’a plus quitté.

7. L’artiste/la compagnie avec lequel/laquelle vous voudriez passer une journée ?

Wajdi Mouawad, auteur, metteur en scène, actuellement directeur du Théâtre National de la Colline. Je lui dois mon expérience de spectateur la plus intense. Sa trilogie Le Sang des Promesses, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, de 20h à 7h du matin. Et parce que la sophistication de sa pensée et de son écriture vont de pair avec une foi viscérale en un théâtre populaire.

8. Votre dernier coup de cœur spectacle ?

Tom na fazenda, par la compagnie brésilienne Quadrovivo (Armando Babaioff). Il s’agit du texte Tom à la ferme, de l’auteur québécois Marc Bouchard, traduit et joué en portugais-brésilien. Du théâtre puissant, concret, brut, qui n’a pas l’emphase qu’on rencontre parfois dans les productions françaises. Et une pièce qui rend compte de toute la complexité des sentiments humains.

9. Un spectacle que vous avez vu mais que vous ne pouvez pas avouer ?

Il n’y a aucun spectacle que je ne pourrai avouer d’avoir vu. Bien sûr je construis ma programmation autour d’une ligne artistique, mais je reste ouvert à tout et surtout reconnais à tout type de spectacle le droit et le mérite d’exister. Je déteste l’idée de bon goût et de mauvais goût.

10. Comment voyez-vous la Scène nationale Grand Narbonne et son projet territorial dans 10 ans ?

Je vois une Scène Nationale fortement ancrée dans l’agglomération du Grand Narbonne, avec des relais, des complices, des ambassadeurs dans toutes les communes et une habitude de la voir présente, hors de ses murs, au plus près des habitants.

Je la vois par ailleurs impliquée dans des projets avec d’autres lieux et structures audoises, et, de par sa position géographique privilégiée, être un carrefour incontournable du spectacle vivant en Occitanie.

11. Le spectacle vivant ça sert à quoi aujourd’hui ?

Le spectacle vivant permet une vibration particulière parce qu’elle est partagée avec d’autres. C’est comme voir un match au stade plutôt qu’à la télé. Ce n’est pas la même expérience…

Cette rencontre avec l’autre est ce qui lui donne encore du sens. Les lieux de spectacle vivant doivent être les agoras d’aujourd’hui, les places publiques où les différentes catégories de la population se côtoient.

Et la rencontre avec des univers artistiques singuliers est le meilleur moyen de (ré)apprendre à accepter, comprendre, aimer ce qui nous est différent, étranger.

Retrouvez toute l’actualité et la programmation de Théâtre + Cinéma Scène nationale Grand Narbonne sur : https://www.theatrecinema-narbonne.com/

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