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Laurent Cavalié

Développement territorial Paroles d'acteurs culturels

Laurent Cavalié n’est pas de ceux qui attendent l’inspiration sous un clair de lune pour transformer leurs états d’âme en création. Loin de tout nombrilisme, il exprime sa vision du monde en musique et en mots pour la partager avec ceux de son entourage, de sa contrée et de son pays. Dans sa poésie, les questions sociales et politiques ne sont jamais loin.
Après un passage éclair au conservatoire d’Albi, puis la découverte de musiques populaires internationales (Marley, Police ou Nougaro), Laurent Cavalié, chanteur, percussionniste et accordéoniste trouve sa voie en prenant conscience de la culture et de l’histoire locale. Il réapprend la langue occitane avec ses premières chansons. Il approfondit cette recherche en se lançant dans le collectage de chants traditionnels oubliés et réunit un trésor de 300 chansons, qu’il met en partage avec d’autres musiciens de l’Aude.
Co-initiateur de la fanfare du Minervois, il accompagne La Mal coiffée, sortie de ces rangs, et en devient le directeur artistique, rôle qu’il assume aussi au centre du groupe Du Bartàs (2006-2021).
Depuis 2019, Laurent Cavalié resserre ses activités autour de prestations en duo avec l’accordéoniste Guilhem Verger ou la chanteuse, musicienne et conteuse Marie Coumes. Sans quitter ses thèmes de prédilections, la poésie occitane militante avec des textes anciens, contemporains ou de son cru, il s’oriente en solo vers une épure sonore dont ses albums Mon ombra e ieu (2019) et A la frontièra dels gigants (2022) attestent avec force et élégance

A la frontièra dels gigants (Sirventés / L’Autre Distribution)
Nouvel album – Sortie le 20 mai 2022

Les prochains concerts 2022 :

  • 13/05 : Le Club, Rodez (12)
  • 21/05 : Montaren et Saint Médiers (30) | Riu de l’aire
  • 22/05 : Vendemian (34) | N’i a pro
  • 27/05 : Café Plum, Lautrec (81)
  • 28/05 : Ste Valière (11) | bal trad/Contact-improvisation avec Pierre Diaz
  • 03/06 : Félines Minervois (34) | N’i a pro
  • 07/06 : Nîmes (30) | N’i a pro
  • 08/06 : Aubrac (12)
  • 09/06 : La Tendresse, Montpellier (34)
  • 17/06 : Carbonne (31)
  • 23/07 : Anzat Le Luguet (63)
  • 05/08 : St André de Roquelongue (11)

Laurent Cavalié répond ce mois-ci à nos 11 questions.

1. Trois mots pour vous décrire

Mes réponses commencent mal : je suis bien incapable de me décrire moi-même, surtout en trois mots. J’espère être meilleur pour les questions qui suivent !

2. Trois mots qui définissent votre travail

Pas facile non plus : partage, histoire, créativité.

3. Si vous étiez un livre, un film, un tableau … qui seriez-vous ?

Mon livre du moment c’est Œdipe sur la route d’Henri Bauchau. Le parcours d’un homme aveugle, à pied à travers la Grèce à la recherche de sa propre folie qui fera de lui un sage.

4. Un rituel avant de monter sur scène

Je n’ai pas vraiment de rituel, plutôt un état, toujours le même, partagé entre le besoin d’être avec les gens qui rentrent dans la salle pour les rencontrer, voir si je connais quelqu’un, être avec eux, et le besoin d’être seul. Drôle de sensation.

5. Comment vous vient l’inspiration ?

De beaucoup de façons. Essentiellement en regardant le monde, les gens. En fait ce n’est pas vraiment de l’inspiration, c’est plutôt un besoin forcené de dire, un besoin de donner mon avis sur le monde, et d’en faire de la poésie. J’entends poésie au sens large. Pour moi c’est plus un travail qu’un truc qui te tombe dessus.

6. Comment la musique est-elle entrée dans vos vies ?

De mille façons. Concrètement, en école de musique étant enfant, mais en fait elle entre tous les jours dans ma vie. On est assailli de musique. Que ce soit la production industrielle avec laquelle les médias nous assomment, ou celle vers laquelle me guide la curiosité, ou la musique du monde qui nous entoure…de fracas urbain ou de chant d’oiseau.

7. L’artiste avec lequel/laquelle vous voudriez passer une journée ?

Les 26000 couverts qui m’ont fait passer un des moments les plus dingues de ma vie de spectateur avec « Sens de la visite ».

8. Une chanson que vous aimez ?

« Joan petit Joan tu que sias un alegaire,
as pas jamai vist çò que ieu ai vist faire :
ai vista una craba que fasiá la bugada
e los crabilhons qu’atisavan los tisons »
C’est la petite chanson que me chantait ma grand-mère quand j’étais enfant.

9. Une chanson que vous écoutez mais que vous ne pouvez pas avouer ?

C’est inavouable !

10. Votre disque de chevet ?

Ce n’est pas un disque, ce sont les milliers d’enregistrements de collecte des musiques populaires du monde. 50 ans d’histoires de gens qui parcourent le monde pour enregistrer, sauvegarder, faire connaître les musiques « premières ». Les musiques nées pour la plupart avant l’avènement de la civilisation industrielle, chez nous et ailleurs.

11. Selon vous, à quoi sert le spectacle vivant aujourd’hui ?

Je me pose la question depuis quelques années. Le bon sens m’inciterait à parler d’ouverture à l’autre, d’ouverture au monde, d’éducation populaire, de démocratisation de la culture, de tellement de chose essentielle pour vivre bien ensemble. Je ne suis pas certain que le monde de la culture aujourd’hui réussisse ce pari. Cela fait maintenant des décennies que l’on tente des politiques culturelles sensées élever le niveau, donner les moyens aux gens des outils critiques et une vision poétique du monde. Et bien je n’en vois pas les effets. Je ne vois pas que la culture aujourd’hui fasse barrage aux dominations et aliénations médiatiques qui ne cessent de croître…mais peut-être que je me trompe et que la situation serait bien plus catastrophique ! Pas facile à mesurer, alors dans le doute, je continue.

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Photo Pierre Campistron

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