Ouvrir la voix et en découdre avec le passé : c’est ce à quoi s’attelle Olivia Ruiz, nouvelle artiste associée de la Scène nationale de Narbonne. Dans « Bouches Cousues », concert intimiste, acoustique et chuchoté, l’artiste incarnera les chansons chères aux espagnols qui ont connu il y a 80 ans, l’exode.
En revisitant quelques morceaux de son répertoire, en appelant des airs d’horizons plus lointains encore, celle qui se dit « née du mouvement » chantera au-delà de la Retirada, l’exil, la résilience et les identités toujours mouvantes.
« Bouches Cousues », les 1er et 2 octobre à Narbonne. Plus d’infos
Chanteuse, musicienne et actrice, Olivia Ruiz croque la vie et ceux qu’elle y croise de sa voix gouailleuse, avec son énergie ravageuse. L’artiste porte dans sa chair, ses racines espagnoles et dans son chant la force de la résilience. Enfant, elle étudie le théâtre, la danse, la musique, le chant. Adolescente, elle monte ses premiers groupes ; joue avec Frank Marty multi-instrumentiste de Narbonne (Les Croquants et La Varda) ; assure des premières parties et concoure à des tremplins.
En 2001, elle participe à la première édition de Star Academy. Demi-finaliste couronnée de succès, elle signe chez Universal et sort son premier album J’aime pas l’amour. Quatre autres disques suivront, dont La femme chocolat vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Bien entourée des Weepers Circus, de Chet et Nery (ex VRP), de Juliette, Mathias Malzieu (Dionysos) et des Françoises dont elle fait partie avec Camille, Jeanne Chéral, La Grande Sophie, Rosemary Standley et Emily Loizeau, Olivia Ruiz voit son chemin auréolé de quatre Victoires de la Musique et trois Globes de Cristal. Elle déplie aujourd’hui sur scène des facettes à la fois plus intimes et plus engagées de son art, dont la comédie musicale Volver, signée avec le chorégraphe Jean-Claude Gallotta et inspirée de sa propre histoire, serait le manifeste.
A l’occasion de ce retour au pays en forme d’introspection, Olivia répond ce mois-ci à notre questionnaire
Crédit Christophe Acker
1. Trois mots pour vous décrire
Entière, curieuse, épicurienne
2. Trois mots qui définissent votre musique
Sincère, singulier, éclectique
3. Si vous étiez un livre, un film, un tableau … qui seriez-vous ?
West Side Story. Le déracinement, la passion, la force et la vulnérabilité du clan et de la famille, la perte, les choix cornéliens pour rester libre… beaucoup de sujets qui ont aussi inspiré mes chansons. Puis le jeu, la danse, la musique, les contrastes… J’ai toujours rêvé de jouer la touchante et sulfureuse Anita.
4. Un rituel avant de monter sur scène
Quelques vocalises et un échange avec chaque membre de l’équipe. Check, câlin, grognement énergétique mains dans les mains, chacun a son style pour partager quelques secondes qui sont à la fois un « bonne chance » un « amuse-toi bien » un « content d’être là ensemble ». Ces petits riens forgent l’écoute la communion et la concentration pour le show.
5. Comment le spectacle est-il entré dans votre vie ?
Par mon père, artiste de profession, principalement chanteur mais aussi musicien. J’étais ce qu’on appelle une enfant de la balle.
7. L’artiste/la compagnie avec lequel/laquelle vous voudriez passer une journée ?
Bob Wilson, Yolande Moreau, Ariane Mnouchkine…
8. Votre dernier coup de cœur spectacle ?
Fuerza Bruta, à New-York. Un spectacle pluridisciplinaire. La plus grande claque de ma vie. Plus récemment Israël Galvan, dont le duo avec Akram Khan m’avait deja envoûtée.
9. Un spectacle que vous avez vu mais que vous ne pouvez pas avouer ?
J’avoue tout, Mickey et le magicien, la semaine dernière à Disneyland Paris. Et pire ! J’ai aimé au moins autant que mon fils de 3 ans et demi !
10. L’artiste avec qui vous rêvez de jouer ?
Pénélope Cruz, Carmen Maura, Jacques Bonnafé, Steve Buscemi, Denis Lavant…
11. Le spectacle vivant ça sert à quoi aujourd’hui ?
À créer du lien, à éclairer les consciences, à distraire, à faire oublier, à faire réfléchir, à ouvrir à l’autre, à voyager sans quitter sa ville, à partager, à se sentir moins seul…